En octobre 2016, Arnaud* a été le premier civil à intégrer le groupement plongeurs-démineurs (GPD) de la Marine. À partir de ce moment, il a été victime d’injures homophobes, de harcèlement moral et sexuel ainsi que de violences psychologiques quotidiennes par les militaires de son unité : « Ça te dirait de sucer une bite ? Tu baises bien ? T’es gay ! Tu es débile, tu suces des bites ; T’es la pute du groupe » sont quelques exemples des insultes reçues quotidiennement durant des mois.

Arnaud a aussi été la victime répétée de la pratique du « passage au bac », qui consiste à faire sauter les nouveaux intégrés dans l’eau glacée de la Manche depuis un quai de sept mètres de haut, y compris en hiver. Face à ce harcèlement quotidien, Arnaud a commencé à s’automutiler et a tenté de se suicider. Arnaud a témoigné dans cette vidéo

Après des mois de procédure, Arnaud est finalement réformé pour inaptitude physique par l’armée en juin 2018.

Arnaud a saisi la cellule THEMIS de l’État-major des armées, chargée de lutter contre le harcèlement, les discriminations et violences sexuelles. À la suite d’une enquête interne, celle-ci n’a vu, dans un premier temps, aucun fait susceptible de constituer une infraction. Il a fallu que SOS homophobie saisisse la ministre des Armées et la cellule THEMIS pour qu’enfin, fin avril 2019, cette cellule demande l’annulation de l’arrêté réformant Arnaud pour inaptitude physique.

L’affaire n’est donc pas finie.

SOS homophobie se félicite de ce premier pas positif du ministère des Armées. Elle regrette toutefois qu’il ait fallu trois ans d’inaction de ses supérieurs hiérarchiques, des médecins militaires et l’intervention de notre association pour, qu’enfin, l’État-major reconnaisse que des fautes ont été commises envers Arnaud.

Cet exemple est une preuve supplémentaire de l’urgente nécessité de mettre en place un plan de sensibilisation ambitieux et pérenne des personnels militaires aux questions de discrimination, que demande SOS homophobie depuis longtemps.

 


* Prénom modifié