- Qu'est-ce qu'une menace?
La menace est un délit qui consiste à faire connaître à quelqu’un·e son intention de porter atteinte à sa personne, ses proches ou à ses biens. Elle peut être de nature verbale, écrite ou
imagée.
Le Code pénal distingue deux sortes de menaces :
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les menaces réitérées (c'est-à-dire proférées au moins deux fois) ou matérialisées par un écrit, une image ou tout autre objet
Les menaces réitérées ou matérialisées sont punissables si une personne menace de commettre des violences, de détruire un bien ou toute autre infraction contre les personnes dont la tentative est punissable.
Ex : une personne vous menace par écrit de détruire votre voiture ou vous menace à plusieurs reprises de vous frapper ou de vous tuer.
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les menaces avec ordre de faire ou de s'abstenir de faire quelque chose
Les menaces avec ordre sont punissables uniquement si l'auteur·e menace de détruire un bien ou de commettre un crime ou un délit contre les personnes.
Ex : une personne menace de frapper ou de tuer une autre personne si elle entretient une relation amoureuse avec une personne du même sexe.
Les autres types de situation qui ressemblent à des menaces ne sont pas toujours des « menaces » au sens de la loi. Par exemple, la menace de vol n'existe pas. Ces situations peuvent être réprimées sur d'autres fondements comme la tentative ou les violences psychologiques.
Les menaces peuvent être en personne ou en ligne (réseaux sociaux, SMS, etc.), directement adressées à la victime ou pas (propos rapportés). Il suffit qu'elles aient été dites publiquement ou à des proches de la victime dont on peut légitimement supposer qu’iels le lui répéteront.
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- QUE FAIRE SI VOUS ÊTES VICTIME DE MENACE ?
Quelle que soit la situation et les circonstances, ce qui est arrivé n’est jamais la faute de la victime mais des auteur·es de ces agissements.
Pouvoir parler avec une personne de confiance et bienveillante peut considérablement aider à surmonter et à mettre fin à cette situation.
Selon la gravité de ce qui s’est produit, il peut s’avérer utile d’être également accompagné·e par un·e professionnel·le.
Si l’on ne peut pas identifier une personne de confiance dans son entourage, d’autres solutions existent : toute personne victime peut contacter le 116 006, numéro d’aide aux victimes de l’organisme France Victimes, ouvert 7 jours sur 7 de 9h à 19h, ou par mail à l’adresse [email protected]
1) Collecter des preuves
Il est difficile de prouver une menace car il s’agit bien souvent d’actes verbaux. Il est alors essentiel de récolter un maximum de preuves (recueillir d’éventuels témoignages, conserver les écrits, les SMS, messages sur répondeur...). Si les propos ont été tenus en ligne (vidéo ou message), il est conseillé de prendre des captures d’écran ou des photos pour éviter que l’auteur·e n’échappe aux poursuites en supprimant ses messages ou les vidéos.
2) Déposer plainte
Pour que l’auteur·e soit poursuivi·e, il est indispensable d’aller déposer plainte, en se rendant au commissariat ou à la gendarmerie la plus proche (voir la fiche Plainte). Le caractère LGBTIphobe de l’agression doit, idéalement, être précisé dès le dépôt de plainte, car il s’agit d’une circonstance aggravante qui pourra permettre de faire condamner plus lourdement l’agresseur·se. Si le ou les auteur·es sont des inconnu·es, (par exemple un compte Twitter anonyme), il est quand même possible de porter plainte contre X.
- Que risque l’auteur·e de menaces ?
Comme pour toutes les infractions, l’auteur·e d’une infraction risque une peine plus sévère en cas de LGBTIphobie : une infraction est qualifiée de LGBTIphobe lorsqu’elle est commise en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre de la victime. La loi utilise les termes « réelle ou supposée » : peu importe donc que la victime soit effectivement LGBTI ou non, seuls sont pris en compte les faits et l’intention de l’auteur·e de l’infraction. Le tableau suivant présente les peines maximales prévues par la loi, ce qui veut dire que le ou la juge peut prononcer une peine moins sévère, en fonction de la gravité des faits et du profil de l’auteur·e
Menaces réitérées ou matérialisées
Sans LGBTIphobie
Avec LGBTIphobie
De mort
3 ans de prison
45 000 € d’amende
6 ans de prison
De commettre un crime ou délit dont la tentative est punissable
6 mois de prison
7 500 € d’amende
12 mois de prison
7 500 € d’amende
De violences
450 € d’amende
450 € d’amende
De destruction avec l’utilisation d’un moyen dangereux pour les personnes
6 mois de prison
7 500 € d’amende
12 mois de prison
7 500 € d’amende
De dégradation entraînant un dommage léger
38 € d’amende
38 € d’amende
De dégradation sans l’utilisation d’un moyen dangereux pour les personnes
750 € d’amende
750 € d’amende
Menaces avec ordre
Sans LGBTIphobie
Avec LGBTIphobie
De mort
5 ans de prison
75 000 € d’amende
7 ans de prison
75 000 € d’amende
D’un crime ou un délit contre les personnes
3 ans de prison
45 000 € d’amende
6 ans de prison
45 000 € d’amende
De destruction ou détérioration
1 an de prison
15 000 € d’amende
2 ans de prison
15 000 € d’amende
De destruction avec l’utilisation d’un moyen dangereux pour les personnes
3 ans de prison
45 000 € d’amende
6 ans de prison
45 000 € d’amende
Si une situation recoupe plusieurs types de menaces, il faut garder l’infraction la plus sévèrement punie.
Comme pour toute infraction, l’auteur·e ne peut être poursuivi·e que pendant un certain temps. Une fois que ce délai est dépassé, il ne pourra plus y avoir de poursuites ni de condamnations : il s’agit du délai de prescription. Concernant les menaces, le délai pour aller déposer plainte est de 6 ans. Mais lorsque la menace est punie d’une amende seulement, le délai pour aller déposer plainte est de un an.
- TEXTES DE LOI ET RÉFÉRENCES
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Articles 222-17 et 222-18 du Code pénal (menaces contre les personnes punies par un emprisonnement, hors menaces de violences)
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Article R.623-1 du Code pénal (menaces de violences)
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Articles 322-12 et 322-13 du Code pénal (menaces contre les biens punies par un emprisonnement)
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Article R.631-1 du Code pénal (menaces contre les biens entraînant un dommage léger)
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Article R.634-1 du Code pénal (menaces contre les biens sans utilisation d’un procédé dangereux pour les personnes et sans ordre)
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Comment être soutenu·e par SOS homophobie ?
Si vous pensez avoir été victime ou témoin de LGBTIphobies et que vous avez besoin d’être écouté·es ou que vous vous posez des questions, vous pouvez contacter l’un des dispositifs d’écoute de SOS homophobie : une ligne d’écoute anonyme tenue par des bénévoles spécialement formé·es au 01.48.06.42.41, un chat’écoute et un formulaire de témoignage accessibles sur le site internet www.sos-homophobie.org.
Vous pouvez trouver des conseils pratiques grâce à une interface d’aide en ligne sur sos-homophobie.org/aide-en-ligne. SOS homophobie propose également un accompagnement juridique personnalisé.