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  • ÉDITO

    Rien n'est jamais définitivement acquis, restons mobilisés !

    Les homosexuels, lesbiennes et transsexuels subissent toujours des discriminations et violences homophobes. L'égalité des droits entre homosexuels et hétérosexuels n'est toujours pas réalisée. Cette année encore, notre rapport annuel en atteste. SOS homophobie reste donc mobilisée.

    Pourtant, d'année en année, nous notons que les violences homophobes sont de moins en moins fréquentes, que le contexte socioculturel nous est de plus en plus favorable, que les responsables politiques nous prennent volontiers plus au sérieux et que nous enregistrons des avancées significatives.
    Les associations de défense des droits des homosexuels et des lesbiennes ont notamment obtenu du gouvernement de la gauche plurielle, la dépénalisation de l'homosexualité, le PaCS, le concubinage homosexuel, l'interdiction de toute incitation à la haine homophobe dans les programmes audiovisuels, une loi contre les discriminations dans le travail, la formation et l'accès au logement et, la reconnaissance du statut de victime du nazisme aux déportés homosexuels.
    Au regard du vide juridique dans lequel nous étions préalablement plongés, c'est encourageant, mais toujours insuffisant. Nous devons consolider nos droits acquis et convaincre nos interlocuteurs de prendre les mesures nécessaires telles l'amélioration du PaCS, le statut des familles homoparentales, l'adoption par les homosexuels, la prévention mais aussi la pénalisation de l'homophobie...

    Si je mesure avec optimisme le chemin parcouru, si j'ai toujours lutté sûre de la légitimité de nos revendications et confiante dans l'avenir, l'histoire, notre mémoire collective et la situation d'homosexuels à l'étranger, m'ont empêchée d'oublier le silence, le mensonge et la peur sous lesquels nous fûmes enfouis pendant des siècles.
    Dans le passé, encore aujourd'hui dans les pays non démocratiques, les sociétés ont tenté de nous effacer au mieux en niant notre existence, au pire en nous persécutant ou en nous assassinant.
    Seule une démocratie progressiste peut garantir notre liberté et nos droits.

    L'état de choc puis la mobilisation sans précédant provoqués par la présence du Front National au second tour de l'élection présidentielle 2002 démontrent brutalement à quel point il est vital, en toutes circonstances, de se souvenir et de rester vigilants.
    Comme beaucoup, nous ne nous sommes pas assez méfiés, occupés à négocier âprement nos droits.
    Nous n'avons pas compris à quel point le mécontentement et la frustration grandissaient, pas vu l'extrême droite se répandre dans la société, enfler, prodiguant ses démagogiques et catastrophiques solutions à qui voulaient bien les entendre.
    En effet, l'extrême droite sait comment résoudre les problèmes économiques et sociaux de la France, sa stratégie a le mérite d'être connue : les immigrés, les juifs, les homosexuels, les communistes et les francs-maçons, mais aussi les femmes, les " sidaïques ", les artistes et tous les démocrates, l'Europe enfin, sont responsables et doivent être neutralisés !
    L'extrême droite nous hait tout particulièrement, nous les homosexuels, lesbiennes et transgenres.
    Pensez-donc, tous ces invertis incontrôlables et tous ces ventres en moins, c'est le chaos suprême, la fin de la civilisation !
    Imaginer l'avenir et les traitements qu'ils nous réserveraient me révulse ! Heureusement, au deuxième tour, un raz-de-marée républicain a repoussé magistralement la menace du fascisme.

    Les militants associatifs sont souvent à l'initiative des progrès sociaux. Avec un temps d'avance, ils revendiquent ce que la majorité finit par reconnaître, tôt au tard, comme étant légitime.
    En revanche, trop d'homosexuels et de lesbiennes pêchent par leur insouciante amnésie et par passivité. Ils profitent d'une liberté que leurs aînés ont chèrement arrachée, tant mieux, mais nous aimerions tant qu'ils soient plus solidaires et responsables, qu'ils manifestent plus d'enthousiasme à défendre, à nos côtés, leurs libertés et leur avenir.
    Egalement trop d'hétérosexuels considèrent que nos luttes sont communautaires et oublient que lutter contre l'homophobie c'est oeuvrer pour une société plus égale et plus libre, au bénéfice de tous ses membres. Nous aimerions qu'ils soient plus solidaires et responsables et s'engagent à nos côtés comme nous le sommes aux leurs. La pleine acceptation de l'homosexualité n'est pas le problème des seuls homosexuels.

    RIEN N'EST JAMAIS DEFINITIVEMENT ACQUIS.
    N'est-ce pas ce qu'il faut retenir de plus remarquable dans l'année politique écoulée ?
    Les minorités, tout particulièrement, sous peine d'être mises en danger, doivent veiller sans relâche au bon fonctionnement de la démocratie et des institutions.

    Restons engagés.

    Christine Le Doaré, Présidente de SOS homophobie

 

RAPPORT SUR L'HOMOPHOBIE 2002