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Une nouvelle année encore, nous constatons la persistance et l’ancrage de l’exclusion, des discriminations et de la haine à l’encontre des personnes lesbiennes, gays, bies, trans et intersexes (LGBTI), malgré l’évolution des lois et des mentalités.

SOS homophobie recense, pour l’année 2023, 2 377 cas de LGBTIphobies reçus par  l’association via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes : ligne téléphonique anonyme, chat’écoute et formulaire de témoignage en ligne.

Si notre méthodologie de traitement des témoignages reçus a évolué depuis le précédent Rapport, qui recensait  1 506 témoignages, nous constatons que les violences et la haine anti-LGBTI ne  faiblissent pas.

Le nombre de témoignages reçus en 2023 est supérieur à celui des années précédentes. Nous comptions 1 506 témoignages pour l’année 2022, et 1 515 témoignages pour l’année 2021. En 2023 encore, notre Rapport souligne un environnement qui se dégrade pour les personnes LGBTI, dans une multitude de contextes et avec des manifestations variées.

Derrière les 2 377 cas de LGBTIphobies, il y a autant de vies et de personnes qui, dans leur quotidien, au travail, dans la rue, sur Internet, à l’école, chez le médecin, dans un  commerce, ont été confrontées aux moqueries, aux insultes, à des agressions physiques, à de la discrimination, du harcèlement, en raison de leur orientation sexuelle et/ou amoureuse ou de leur identité de genre. Ce sont 2 377 cas de trop.

Et combien d’actes sont tus, invisibilisés ? Combien d’actes de LGBTIphobies vécus, de vies brisées, n’ont pas fait l’objet de témoignages auprès de notre association ? Combien de Quentin, Fadilha, Julie, Anh, Julien ou Andrea n’ont ni témoigné, ni porté plainte, ni brisé le silence, face à des  violences inacceptables, non seulement pour les victimes, mais aussi leur entourage (parent·es, familles, ami·es)? Notre société dans son ensemble, tentée par l’indifférence et la secondarisation des enjeux LGBTI, des violences LGBTIphobes et des combats pour les droits des personnes LGBTI, considère souvent que celleux-ci sont derrière nous.

« En France, ça va mieux, il n’y a plus  d’homophobie et de transphobie ! Depuis le mariage pour tous, vous avez eu ce que vous souhaitez, non ? », entend-on encore beaucoup trop fréquemment lors de discussions entre ami·es, en famille, dans les médias.

Si tel était le cas, les personnes écoutantes de notre association n’auraient pas reçu autant de témoignages de cas de LGBTIphobies en 2023, et notre association n’aurait plus de raison d’exister, alors qu’elle fête cette année ses 30 ans.

Dans le débat public et dans la sphère politique et médiatique, les discours  LGBTIphobes persistent et se traduisent par des passages à l’acte dans la vie quotidienne, par du harcèlement en ligne.

S’il nous faut saluer la nomination d’un  Premier ministre qui se présente comme un homme gay, nous pouvons nous interroger sur cette annonce, si elle n’est pas accompagnée d’une politique ambitieuse portée par ce dernier. Les victimes n’ont que faire des symboles.

Cela étant dit, que les choses soient claires : le symbole de la nomination de Gabriel Attal ne représente rien s’il n’est pas accompagné d’une politique ambitieuse. La nomination de membres du gouvernement qui se sont activement opposés à l’égalité des droits (mariage pour toutes et tous, PMA, etc.), même si certain·es sont revenu·es sur leur position – mais pas tous·tes –, constitue un très mauvais signal envoyé. Il est le signe de la banalisation des discours et positionnements anti-égalité.

Si l’on fait le bilan, aucune annonce en matière de lutte contre les violences  anti-LGBTI ou pour les droits des personnes LGBTI n’a été faite, ni lors du discours de politique générale de Gabriel Attal, ni par la ministre chargée de la Lutte contre les  discriminations, Aurore Bergé, qui n’a jamais, depuis sa nomination, et à l’heure où nous rédigeons ces lignes, pris la parole pour condamner une agression homophobe ou transphobe, pour s’exprimer sur les sujets d’égalité LGBTI.

Face à cette République des faux-semblants, ne nous y trompons pas : en 2024, être un·e responsable politique LGBTI, y compris de premier plan, est insuffisant si cette situation ne s’accompagne pas d’actions politiques concrètes.

Nous faisons face à un silence gouvernemental abyssal sur les enjeux LGBTI, un silence coupable qui contribue à banaliser les violences LGBTIphobes.

Face à la réalité des LGBTIphobies et aux menaces sur les droits, en France, dans l’Union européenne et dans le monde, plus que jamais, nos bénévoles continueront, sur l’ensemble du territoire national, à aider et soutenir les victimes, prévenir les LGBTIphobies en milieux scolaire et professionnel, militer pour l’égalité des droits.

C’est notre raison d’être et notre engagement depuis le 11 avril 1994. Alors que  SOS homophobie a 30 ans, l’association continue son action pour que chacune et chacun puisse vivre et aimer librement, dans un environnement respectueux, quelle que soit son orientation sexuelle ou amoureuse, son genre ou son identité de genre.