Caroline Grandjean, enseignante et directrice d’école dans le Cantal, avait subi depuis 2023 un harcèlement lesbophobe dévastateur fait d’insultes et de menaces. Elle avait déposé plainte auprès des autorités, sans suite, et n'avait reçu aucun soutien de l'Éducation nationale, ni des parents d’élèves, ni de la municipalité où elle enseignait.


Caroline Grandjean s’est suicidée hier, 1er septembre 2025, jour de la rentrée scolaire.


Ce drame témoigne bien entendu de la persistance silencieuse de la lesbophobie dans notre société. Oui, être lesbienne en France en 2025, c’est encore être marginalisée. C’est encore être en danger. 
Car si les lesbiennes sont majoritairement réduites au silence et à l’invisibilité, particulièrement sur leur lieu de travail, elles peuvent aussi subir les humiliations et les menaces les plus abjectes lorsqu’elles en sortent.


Mais ce drame révèle également l’hypocrisie de l’Éducation nationale : si l’institution s’engage, encore timidement, sur le terrain de la lutte contre les discriminations pour protéger les élèves, elle délaisse totalement la protection de ses personnels, eux et elles aussi victimes potentielles de discriminations. Il en va pourtant de la cohérence de la démarche : comment protéger des élèves lorsque l’on est soi-même obligé•e de vivre dans l’omerta ? Comment accueillir la parole des plus jeunes si l’on ne trouve pas soi-même un soutien vers qui se tourner ? Comment éduquer au vivre ensemble si l’on évolue dans une structure où l’on ne peut pas exister ouvertement et en sécurité ?


Cette cohérence se construit. On ne peut pas compter sur la bonne volonté ou sur la bienveillance des individus qui constituent l’Éducation nationale, ni sur les initiatives, salutaires mais disparates, prises par les académies. Il faut que l’Éducation nationale applique sa démarche de lutte contre les discriminations à l’ensemble des acteur•rice•s de l’éducation, enseignant•e•s, personnels non-enseignants, formateur•rice•s, inspecteur•rice•s. Le vivre ensemble se forge, mais pour cela il faut sensibiliser, former et informer. 
Il faut que l’institution protège ses professionnel·le·s autant qu’elle tente de protéger ses élèves.


Car l’Éducation nationale, comme tout ministère, est garante de la loi. Et la loi protège les victimes et condamne les auteur•rice•s de discriminations. Nous n’en attendons pas moins d’une instance ministérielle.


Il est plus que nécessaire que l’Éducation nationale cesse de n’afficher que des postures de lutte contre les LGBTIphobies et qu’elle s’attaque à cet angle mort qu’est la protection de ses personnels. Mais cela doit relever d’une volonté politique.


Au-delà du ministère, chacun•e a un rôle à jouer. 
Chef•fe•s d’établissement, inspecteur•rice•s, enseignant•e•s, personnels non-enseignants : soyez des allié•e•s. Écoutez, éduquez, protégez. Ne fermez pas les yeux.


Aujourd'hui, l’Éducation nationale a du sang sur les mains.


La lesbophobie tue.


Le harcèlement envers les enseignant•e•s tue.
 

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